Panama, Groenland, Canada: quand Donald Trump ravive la Doctrine Monroe
Et si rendre l’Amérique plus grande (« Make America Great again ») signifiait aussi agrandir son territoire ? Retour sur les projets à première vue farfelus, et à première vue seulement, du président américain... L’article Panama, Groenland, Canada: quand Donald Trump ravive la Doctrine Monroe est apparu en premier sur Causeur.
Et si rendre l’Amérique plus grande (« Make America Great again ») signifiait aussi agrandir son territoire ? Retour sur les projets à première vue farfelus, et à première vue seulement, du président américain.
Avant même sa prise de fonction, le président-élu Donald Trump a bousculé les relations internationales en suggérant une expansion sans précédent du territoire américain et de la souveraineté des Etats-Unis.
Donald Trump a indiqué que sous sa présidence les Etats-Unis chercheraient à acheter le Groenland au Danemark, à reprendre le contrôle du canal de Panama et à intégrer le Canada dans les Etats-Unis.
Ces propositions, dont aucune ne figurait dans son programme de campagne, ont suscité l’opposition des intéressés et l’émoi horrifié des observateurs. Elles renvoient à un temps que certains pensait révolu, celui de l’expansion territoriale américaine au XIXe siècle, d’abord à travers le continent nord-américain, puis au-delà.
Cet intérêt pour des territoires étrangers rappelle d’abord que la politique étrangère de Donald Trump n’a rien d’isolationniste. Au contraire, elle serait plutôt expansionniste, voire impérialiste. Ensuite, il rappelle que les Etats-Unis n’ont jamais abandonné la vieille Doctrine Monroe, selon laquelle ils ne tolèreront aucune ingérence extérieure dans leur pre-carré américain. Enfin, il rappelle que Donald Trump a fait sa fortune dans l’immobilier et que pour lui l’expansion territoriale constitue une augmentation de la richesse nationale. Rendre l’Amérique plus grande (« Make America Great again ») peut aussi signifier agrandir son territoire.
Intérêts géostratégiques
Pourquoi ces trois territoires plutôt que d’autres ? La réponse est simple. Parce que tous les trois présentent un intérêt stratégique et économique pour les Etats-Unis. Est-ce à dire que Trump va faire de ces acquisitions les priorités nouvelles de sa politique étrangère ? Pas forcément. Quant à la possibilité de saisir ces territoires, y compris le canal de Panama, par la force, on en est encore loin.
Avec Donald Trump il y a toujours le fond, la forme et l’objectif. Le fond est souvent intuitif et parfois impulsif. Pas toujours réfléchi, encore moins planifié. La forme est toujours provocante, outrancière. Il s’agit d’abord de capter l’attention de ses interlocuteurs. Quant à l’objectif c’est ce que ses interlocuteurs doivent identifier et ne jamais perdre du regard.
En l’occurrence, même si Donald Trump serait prêt à planter la bannière étoilée sur le Groenland, le canal de Panama ou le Canada, dès aujourd’hui, son objectif à court terme est beaucoup plus modeste et réaliste : rééquilibrer une relation économique et stratégique qu’il juge désavantageuse et dangereuse pour les Etats-Unis et signifier au reste du monde, en particulier à ses adversaires directs que sont la Chine et la Russie, qu’il considère certaines régions ou territoires comme hors limite de leur sphère d’influence et qu’il s’opposera avec toute la puissance américaine à toute tentative d’empiètement…
Ce n’est qu’une actualisation de la politique menée par les Etats-Unis de 1823 à la Seconde Guerre mondiale, en vertu de la Doctrine Monroe. Dans la perspective d’une rivalité économique et stratégique avec la Chine pour la suprématie globale au XXIe siècle, et d’une relation de méfiance sinon d’hostilité prolongée vis-à-vis de la Russie, Donald Trump n’a fait que rappeler des évidences et mettre en garde les partenaires et adversaires des Etats-Unis.
Le canal de Panama est la deuxième voie de communication commerciale la plus importante au monde, en volume et en valeurs après le canal de Suez. 30% du commerce maritime global y transite, soit plus de treize mille vaisseaux chaque année, dont les deux tiers vont aux Etats-Unis ou en viennent.
Construit entre 1903 et 1914 par des ingénieurs américains le canal, situé à la pointe sud de l’Amérique centrale, est long de quatre-vingts kilomètres et relie l’océan Atlantique à l’Océan Pacifique. Il permet aux navires qui l’empruntent d’effectuer en un jour un trajet qui, sinon, en prendrait vingt.
A sa création le canal, ainsi que la zone environnante, étaient la propriété des Etats-Unis. Par le traité Hay-Bunau Varilla de 1903, le nouvel Etat du Panama, qui venait de gagner son indépendance de la Colombie grâce à l’aide américaine, cédait à perpétuité la zone et l’opération du canal aux Etats-Unis contre une rente annuelle de deux cent cinquante mille dollars ! Vue l’importance stratégique du lieu, les Etats-Unis y établirent immédiatement plusieurs bases militaires. Panama devint le quartier général de leur « Southern Command », leur commandement naval pour l’hémisphère sud.
La décision d’abandonner cet ensemble stratégique fut prise par le président Jimmy Carter, fraichement élu, en 1977. Rien ne justifiait cet abandon. L’opposition panaméenne à la présence américaine qui avait engendré des heurts par le passé, était sous contrôle. Mais Carter était pénétré de culpabilité quant à l’impérialisme américain et voulait paraître magnanime aux yeux du monde, surtout après la douloureuse défaite au Vietnam. Sa décision fut vivement critiquée aux Etats-Unis, notamment par le futur président Ronald Reagan qui dénonça une erreur stratégique majeure.
Les traités Carter-Torrijos (du nom du président panaméen de l’époque) furent néanmoins signés et ratifiés par le Sénat américain, garantissant un retour du Canal à Panama avant le nouveau millénaire, et la neutralité de la zone. En 1999 les Américains dirent adieu au canal ne conservant qu’un droit de passage prioritaire.
Depuis c’est le gouvernement panaméen qui gère et opère le canal. De 2007 à 2016 d’immenses travaux permirent d’augmenter sa capacité de navigation pour permettre le passage de « super-tankers » et l’adaptation au trafic maritime moderne. Le canal fonctionne grâce à un complexe système d’écluses alimentées à partir de réservoirs d’eau douce eux-mêmes dépendant des précipitations naturelles élevées dans cette région tropicale. Récemment plusieurs années de sècheresse ont affecté ces réservoirs et ralenti la circulation sur le canal, obligeant certains navires à patienter de longues journées avant de passer. Les autorités du canal ont également mis des priorités de passage aux enchères, faisant exploser le prix de la traversée.
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Dans le même temps deux de ses ports ont été concédés à la compagnie de Hong Kong CK Hutchison Holdings. Cela ne posait pas de problème tant que Hong Kong, ancienne colonie britannique, conservait une véritable indépendance vis-à-vis de la Chine. Ce qui n’est plus le cas désormais. Hong Kong a été mis au pas par Pékin en violation des accords de rétrocession signés avec la Grande Bretagne en 1997. A travers Hutchison, la Chine dispose du pouvoir de restreindre l’accès au canal, ou de militariser la zone.
Le gouvernement panaméen s’est aussi rapproché de la Chine depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping. Panama s’est rangé derrière Pékin dans sa stratégie d’unification de la Chine et ne reconnaît plus Taïwan. Panama et son canal sont désormais des maillons importants des nouvelles routes de la soie (Belt & Road Initiative), mises en place par Pékin pour protéger et promouvoir son commerce global.
Ces bouleversements expliquent la colère et les propos de Donald Trump. « Le canal devait être opéré par les Panaméens, personne d’autre, mais regardez ce qui se passe, c’est la Chine… ». Il a même souhaité, avec ironie, « un joyeux Noël aux soldats chinois présents à Panama ».
Cela ne signifie pas qu’une invasion militaire américaine de la zone soit imminente. En revanche, une reprise en main des opérations n’est pas à exclure. A travers le canal c’est la Chine qui est visée. Donald Trump ici veut plus qu’un simple traitement de faveur pour les navires américains. Il veut un contrôle américain sur un point stratégique de première importance et aucune interférence, ni même présence, chinoise.
Sans le dire, Donald Trump ravive ainsi la vieille Doctrine Monroe. Définie en 1823 sous la présidence de James Monroe, elle affirme que les Etats-Unis s’opposeront, y compris par la force, à toute ingérence étrangère sur le continent américain. A l’époque c’est l’Europe qui était visée. Mais ce qui était valable pour l’Europe en 1823, devient valable pour la Chine en 2024. Et le contrôle par la Chine de deux ports aux deux extrémités du canal est bien une forme d’ingérence étrangère. Trump est donc déterminé à faire annuler ces concessions. Le canal de Panama risque de devenir un sérieux sujet de tensions pour les mois et années à venir.
Cap sur les pingouins !
La question du Groenland est tout aussi importante, mais sans doute moins urgente et pourra se résoudre sur la durée de manière amicale
Le 22 décembre 2024, venu devant la presse présenter Ken Howery, son futur ambassadeur au Danemark, Donald Trump a émis le souhait que le Groenland devienne américain : « pour des raisons de sécurité nationale et de liberté dans le monde, les Etats-Unis estiment essentiel de posséder et contrôler le Groenland. »
Dans les jours qui ont suivi et notamment lors d’une conférence de presse le 7 janvier, Trump a réitéré cette volonté nouvelle d’acquérir le Groenland. Y compris par la force « Non, je ne suis pas prêt à éliminer l’option militaire pour obtenir gain de cause… Peut-être faudra-t-il faire quelque chose ? … Le Danemark devrait nous le céder, ou bien les habitants du Groenland devraient voter pour leur indépendance puis rejoindre les Etats-Unis… Il y va de notre sécurité économique. Je parle de la défense du monde libre… »
Quelques jours plus tard, son fils ainé, Don Jr, effectuait une visite « privée » sur place atterrissant à bord de Trump Force One, l’avion du père. Il était accueilli par une poignée de « groenlandais » portant d’emblématiques casquettes rouges MAGA. Donald Trump apparut via vidéo lors de la réunion publique qui suivit assurant les présents qu’il allait « prendre grand soin d’eux » et « assurer la défense » dont ils avaient besoin. Et si le Danemark s’opposait à ses visées « des tarifs douaniers très lourds lui tomberaient dessus. »
Ce n’est pas la première fois que Trump évoque l’acquisition du Groenland. En 2019, lors de son premier mandat, il avait déjà proposé d’acheter le territoire au Danemark. La transaction avait même été évaluée à mille cinq cents milliards de dollars ! Pour lui l’affaire se fera. Tôt ou tard ! Et il a très probablement raison.
Le Groenland est la plus grande ile de la planète. Situé dans l’océan Atlantique nord, son territoire s’étend sur plus de deux millions de kilomètres carrés (quatre fois la France et trois fois le Texas). Sa population n’est que de 56 000 habitants. Soit l’équivalent de celle du cinquième arrondissement de Paris.
Le Groenland fut colonisé par le Danemark au XVIIIs siècle et formellement acquis en 1814. Depuis 1979 il dispose d’institutions autonomes mais reste rattaché au Danemark et de ce fait rattaché à l’Union Européenne. Plus des deux tiers de son territoire sont à l’intérieur du cercle arctique, et totalement gelés une grande partie de l’année.
Ce qui invite d’ailleurs à s’interroger sur sa désignation de « groenland » qui signifie « terre verte », alors qu’à quelques centaines de miles nautiques à l’est se trouve « l’islande », « iceland » en anglais, soit « la terre de glace », alors qu’elle est beaucoup plus hospitalière que sa sœur de l’ouest…
C’est une terre vierge, qui regorge d’hydrocarbures -17.5 milliards de barils de pétrole et 450 milliards de mètres cubes de gaz naturel selon le U.S. Geological survey- et de minerais rares -1,5 millions de tonnes selon le U.S. Geological Survey – qui rentrent dans la fabrication des produits high-tech. Le Groenland dispose notamment de réserves de graphite nécessaire à la fabrication des batteries de véhicules électriques. La proximité géographique avec les Etats-Unis rend ces gisements particulièrement attractifs.
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Sa situation géographique rend aussi le Groenland stratégiquement important. Il touche au Canada, et par le cercle polaire est également proche de la Russie. Son littoral constitue une voie maritime importante qui pourrait se développer encore si le réchauffement climatique s’avère une réalité durable. La fonte de sa calotte glacière a déjà ouvert de nouvelles voies maritimes entre l’Amérique, la Russie et l’Asie qui permettent une économie de temps, de carburant et donc d’argent à ceux qui les empruntent.
Cette même position à l’intérieur du cercle polaire renforce son importance stratégique car elle permet une surveillance militaire du vieil adversaire des Etats-Unis, la Russie. Depuis la Guerre Froide les Etats-Unis disposent d’une base militaire aérienne à Thule, tout au nord de l’île, équipée de radars de surveillance dans le cadre de leur dispositif anti-missiles balistiques. En 2020 Thule a été transférée à la nouvelle « Force Spatiale » créée par le président Trump et rebaptisée Pituffik Space Base en 2023.
Le président Trump n’est d’ailleurs pas le premier président à s’intéresser au Groenland. Dès 1946, à l’aube de la guerre froide, le président Truman avait proposé de racheter l’île au Danemark pour cent millions de dollars de l’époque. La vente ne s’était pas faite mais les Etats-Unis et le Danemark avaient négocié un accord de défense, toujours en vigueur, concernant la protection du Groenland face à l’Union soviétique.
Truman n’était pas non plus le premier Américain à vouloir acheter le Groenland. Ce privilège revient au secrétaire d’Etat William Seward presqu’un siècle plus tôt. Grand artisan de l’expansion territoriale américaine, Seward est à l’origine de l’achat de l’Alaska à la Russie en 1867. Au même moment il avait aussi proposé d’acheter le Groenland et l’Islande. Le Congrès n’avait pas été intéressé et sa proposition resta sans suite. Seules les Antilles danoises furent achetées en 1917 pour devenir un territoire américain sous le nom des Îles Vierges…
Il est probable que Trump se montera plus pressant… Toutefois selon le Danemark et selon l’immense majorité de ses habitants le Groenland n’est pas à vendre. Les « groenlandais » aspirent même à l’indépendance. Cela peut se comprendre mais n’est pas réaliste. L’île dépend largement de subventions danoises pour sa survie et son approvisionnement. Elle n’a aucun moyen d’assurer sa propre défense. Elle dépend même indirectement des Etats-Unis pour sa protection à travers l’Otan auquel elle est rattachée via l‘Union européenne.
Trump saura faire valoir que les Etats-Unis payent déjà pour le Groenland et que sans eux cette île serait à la merci de la Russie. L’indépendance du Groenland serait même le chemin le plus court vers une annexion par les Etats-Unis, justement au nom de la sécurité nationale et pour éviter qu’elle ne tombe entre les mains d’un adversaire indésirable si près de leurs côtes…
L’objectif de Trump à court terme n’est pas tant de devenir propriétaire de l’île que de signaler son intérêt à tous les partis concernés et de contrer toute tentative d’empiètement, notamment par la Chine. En 2018, l’administration Trump était déjà intervenue pour bloquer la construction de trois aéroports au Groenland par Pékin. Plusieurs sociétés minières américaines ont déjà investi au Groenland et il est probable que cette coopération va s’intensifier avec la nouvelle administration.
Les logiques économiques et stratégiques laissent penser que le Groenland sera un jour rattaché aux Etats-Unis. La question n’est pas de savoir « si » mais plutôt « comment ».
Peut-on en dire de même du Canada ? C’est beaucoup moins sûr.
Des propos ironiques sur le Canada
Donald Trump a récemment, parlé du Canada comme du futur 51e Etat américain. Plutôt sur le ton de l’ironie d’ailleurs. Appelant son Premier ministre, « le gouverneur ». C’est la moins sérieuse et la moins crédible de ses prétentions. Pour des raisons juridiques, pratiques, techniques et même politiques, l’idée de faire du Canada un Etat américain est irréaliste. En revanche les avantages économiques d’un « grand marché nord-américain » eux, sont évidents. Et c’est à cela que Trump veut parvenir. Et, si pour y parvenir, il doit froisser quelques égos, et bien qu’il en soit ainsi…
Le Canada s’étend sur près de dix millions de kilomètres carrés. Contre 9,3 millions de km² pour les U.S.A. S’il devenait un Etat américain, il serait plus grand que les cinquante autres Etats réunis. Il compte quarante millions d’habitants, un peu plus que la Californie et serait donc également le plus peuplé…
Le Canada est le premier partenaire commercial des Etats-Unis. A peu près à égalité avec le Mexique et la Chine, devant l’Union européenne. Les Etats-Unis exportent pour 310 milliards de dollars et importent pour 360 milliards. Leur balance commerciale est donc déficitaire. Ce qui n’est pas du goût de Trump. Il estime qu’acheter plus à un pays qu’on ne lui vend c’est se faire avoir…
Il estime aussi que ce déficit résulte surtout de délocalisations et constitue une perte économique sèche pour les Etats-Unis en terme d’emplois. Trump en veut beaucoup aux grandes marques automobiles de Détroit, au Michigan, d’avoir déménagé certaines de leurs usines au nord de la frontière. Il voudrait voir ces emplois revenir sur le sol américain.
Trump reproche aussi au Canada de ne pas dépenser assez pour sa sécurité – comme beaucoup d’autres membres de l’Otan au passage.
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Toutefois, de par la Constitution canadienne, il faudrait un vote unanime du Sénat et de la Chambre des Communes du Canada, ainsi que des assemblées d’Etats, pour autoriser le pays à se dissoudre pour se fondre dans les Etats-Unis. Le Canada est toujours une monarchie constitutionnelle dont le souverain est le roi Charles III d’Angleterre. Ce lien devrait également être dissout, sauf à ce que certains citoyens américains deviennent à nouveau sujets de sa majesté… C’est très peu probable.
De plus 82% des Canadiens se disent opposés à l’idée d’intégrer les Etats-Unis. Seuls 13% de la population soutenaient une telle éventualité. Que feraient les Québécois qui n’ont pas renoncé à leur souhait d’indépendance ?
Au passage, les Canadiens étant très progressistes, cela rajouterait des millions d’électeurs de gauche, donc démocrates, et pénaliserait durablement le parti Républicain.
La perspective de voir le Canada devenir le 51e Etat américain est donc quasi nulle. Par contre voir les relations économiques se resserrer à travers une série de négociations est plus que probable. Venant à un moment d’incertitude politique au Canada, du fait de la démission récent du Premier ministre, Justin Trudeau, les remarques de Donald Trump visent simplement à mettre les Etats-Unis en position de force dans cette éventualité.
Le plus étonnant dans les propos et les ambitions de Donald Trump, qu’il s’agisse du Canada, du Groenland ou de Canal de Panama, est qu’ils renvoient à une époque qu’on pensait révolue. Personne, aux Etats-Unis, n’a tenu un discours aussi expansionniste et impérialiste depuis le président Mc Kinley, élu en 1896. A l’époque ce discours avait débouché sur une guerre avec l’Espagne, pour la libération de Cuba, la conquête des Philippines et l’annexion d’Hawaï. Les Etats-Unis qui avaient achevé leurs expansion continentale quelques années plus tôt, se lançaient désormais à l’assaut du monde.
Ce nouvel impérialisme allait voir les Etats-Unis intervenir un peu partout sur la planète tout au long du vingtième siècle : d’abord en Amérique Latine, puis en Asie, puis en Europe et au Moyen Orient pour asseoir une présence globale à travers l’installation de quelques huit cents bases militaires au-delà de leurs frontières et l’acquisition de « territoires » dont les résidents ont le statut de citoyens américains, sans en avoir tous les droits.
Les propos de Donald Trump sont moins le réveil de cet impérialisme que l’affirmation de la souveraineté américaine sur son « pré-carré » américain. C’est bien la Doctrine Monroe qui est remise au goût du jour et non pas la notion de « Destinée Manifeste ». La distinction est importante. La Doctrine Monroe s’applique au seul continent américain. L’idée de « Destinée Manifeste », selon laquelle les Etats-Unis ont vocation à s’étendre, car il en va de la volonté de dieu, est sans limite… En clair les Etats-Unis de Donald Trump entendent être les maîtres autour de chez eux, au nom de leur sécurité. Ils n’ont pas vocation à étendre et imposer le modèle américain à l’ensemble de la planète.
Source : France-Amérique, le blog de Gerald Olivier
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