La Pologne à la présidence de l’Union européenne, un exemple pour l’Europe ?

Après un contentieux de sept ans avec Bruxelles, la Pologne prend les commandes du Conseil de l’UE sous de bons auspices

 La Pologne est aujourd’hui un pays phare de l’Europe. Trente-cinq ans après la chute du communisme, elle semble prendre sa revanche. Ni Berlin, ni Bruxelles, ni même Moscou ne lui font peur. Elle est parvenue à retrouver une voix libre et autonome. N’était son rôle majeur aux frontières du vieux continent depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, sa bonne santé économique s’ajoute en effet à ses atouts aux yeux de l’Union Européenne. Depuis le 1er janvier 2025, et jusqu’au mois de juin, elle succède donc à la Hongrie pour mener les discussions sur les grands enjeux européens. Son rapport à l’Union Européenne a pourtant été chaotique jusque-là, ou plutôt rebelle. Et sans doute peut-on y voir une des raisons de sa réussite d’aujourd’hui.

La punition européenne n’a pas brimé la croissance polonaise

 Intégré à l’Union européenne il y a vingt ans, la Pologne en a ainsi passé sept années en procédure de contentieux avec Bruxelles. En cause, des problèmes avec sa conformité à l’Etat de droit et les valeurs défendues par l’UE, comme l’indépendance judiciaire, la liberté de la presse et la défense des droits des personnes LGBT. Les réformes du parti conservateur « Droit et justice », alors au pouvoir, provoquent ainsi la suspension des subventions européennes de 2017 à 2024. Mauvais élève à cet égard, cela n’a pas empêché le plus grand pays d’Europe centrale de se montrer exemplaire du point de vue économique. Vertus de l’autonomie vis-à-vis de Bruxelles ou vertus liées à la responsabilité ? Le pays a même enregistré l’une des plus fortes croissances en Europe au cours de la dernière décennie. Avec son taux de chômage assez faible, autour de 2,5%, et une croissance supérieure aux autres pays européens, grâce à une hausse de plus de 5% de son PIB en moyenne chaque année, malgré le Covid ou encore l’inflation actuelle, la Pologne semble cocher les cases rêvées d’un pays qui va bien.

La Pologne assure la sécurité de l’Europe 

Les subventions réservées à la Pologne s’élèvent à 137 milliards d’euros. Elles viennent tout juste d’être débloquées par Ursula von der Leyen, il y a quelques mois. « Nous sommes impressionnés par les efforts de la Pologne pour restaurer l’Etat de droit comme la colonne vertébrale de sa société », avait déclaré la présidente de la Commission européenne lors de son passage à Varsovie, début 2024, pour annoncer la nouvelle. Cette colonne vertébrale, le pays le doit surtout au fait d’avoir préservé ses valeurs et d’avoir permis à sa population de ne pas craindre, ni subir, l’inflation que connaît ses voisins, sans doute grâce à son indépendance durant quelques années vis-à-vis des règles imposées par Bruxelles. Aujourd’hui, l’Europe semble rassurée d’être menée par un pays fort. Les risques géopolitiques comme économiques pèsent en effet sur le continent. Le voeu de la Pologne pour ses six mois de mandat est de renforcer « la sécurité en Europe », qu’elle soit extérieure, intérieure, informationnelle, économique ou encore énergétique, alimentaire et sanitaire, et surtout de renforcer la défense européenne comme la sécurité civile, notamment à travers la régulation de l’immigration. Un programme au plus près du réel, quand la Hongrie avait eu pour slogan « rendre à l’Europe sa grandeur ». Maintenant que ce pays slave a retrouvé la confiance de l’Union européenne, qu’il fait office d’exemple quand l’Allemagne et la France ont une croissance en stagnation et une situation politique peu rassurante, peut-être ira-t-on voir de plus près les causes de sa réussite. L’Europe étant dans une situation critique, prendre des décisions au plus près du réel ne lui sera que bénéfique. La présidence polonaise est une bonne nouvelle pour l’avenir. L’UE saura-t-elle en profiter pour renforcer sa croissance économique en plus de sa sécurité ?